Afin de parler au mieux de Jean-Michel CAU, la Fédération a souhaité demander à Alain AMADE, successivement Président de la Commission Technique pendant 12 ans, puis Président de la Fédération Française pendant 12 ans, de nous raconter ce quart de siècle de destinée commune au service du ski nautique et du wakeboard. Au nom de la Fédération, c’est un hommage appuyé que nous souhaitons rendre à Jean-Michel.
“Une des passions de Jean Michel Cau était le sport, et plus particulièrement la technicité du geste sportif quelque soit le sport. Sans doute sa formation de professeur d’éducation physique et sportive a influencé cette vision du sport. Il s’est très vite orienté vers l’entrainement sportif laissant l’éducation nationale pour la jeunesse et les sports. Il était moniteur et entraineur d’une équipe de ski alpin de haut niveau. L’été, comme beaucoup d’entre eux il a choisi d’aller vers le ski nautique, sport dans lequel il a développé des compétences d’entraineur. C’est ainsi qu’il a été sollicité par la fédération grecque de ski nautique au sein de laquelle il a initié l’impulsion nécessaire pour faire évoluer la pratique de loisir vers une pratique de compétition. Il a ainsi formé de nombreux jeunes athlètes et les a amenés au plus haut niveau international.
En 1981, Jean Michel déjà capitaine de l’équipe de France a été recruté comme DTN à la fédération française de ski nautique. Il faut dire qu’à cette époque la FFSN n’avait aucun cadre technique et ne disposait que d’une secrétaire administrative ! Nous avons pris cette décision lors d’une réunion à Londres, pendant les championnats du Monde, avec Jean Marie Muller, Guy Leprince et moi-même. C’est Jean Marie Muller qui l’avait approché dans un premier temps pour écrire des articles techniques sur la revue ski nautique. Puis, Jean Michel s’est vu confier le capitanat des équipes de France jeunes et open. La venue d’un DTN à la fédération a apporté énormément à notre sport. Pour être tout à fait honnête, dans les premiers temps sa présence a été mise en doute par certains membres de l’équipe de France qui avaient l’habitude de s’entrainer avec leur coach personnel, leurs parents ou même des entraineurs américains de renom. Il lui fallait donc faire ses preuves, d’autant plus qu’il n’avait pas l’expérience d’une pratique de haut niveau dans notre discipline. Il a rapidement dépassé ses problèmes, car judicieusement, il n’a pas cherché à se braquer contre ces skieurs mais plutôt à leur apporter les compléments nécessaires à leur pratique : préparation physique, suivi médical, stages hivernaux, … C’est aussi avec les jeunes qu’il a le plus travaillé, en formant de futurs médaillés au niveau européen et mondial. Dans un souci d’échanges avec les meilleurs entraîneurs européens, et afin de faire progresser les jeunes skieurs nautiques dont il avait la charge, il s’est rapproché notamment de la Biélorussie pour les figures en mettant en place de nombreux stages, dont certains en piscine, ou encore en organisant des rencontres entre les entraîneurs italiens ou britanniques. Dans la foulée, alors que j’étais président de la FFSN, nous avons ensemble crée les matchs France-Italie-Grande Bretagne, permettant aux jeunes talents de se frotter à la compétition internationale. Beaucoup de skieurs nautiques qui y ont participé à ces compétitions sont devenus des athlètes européens et mondiaux, et se souviennent encore de l’ambiance et des apports de ces rencontres.
La création du Centre National de Ski Nautique, énoncée comme une priorité par Guy Leprince lors de son élection à la présidence en 1981, a été vue par Jean Michel comme un défi à relever au plus tôt. Habitant Aix en Provence, il a sillonné le sud de la France de Biarritz à Menton afin de trouver l’endroit idéal pour créer ce centre. C’est finalement à Roquebrune sur Argens qu’il a reçu le meilleur accueil. Cela a été le début d’une longue histoire pour Jean Michel qui a élu domicile dans cette ville, pour assurer la gestion du centre naissant et développer ce qui peut être considéré comme l’achèvement de son « œuvre ». L’histoire n’a pas été simple, mais il a atteint son but et le centre national a pu ouvrir ses portes en 1991. Poursuivant inlassablement sa tâche de DTN, il a réussi à ce que le ski nautique soit reconnu comme pratique de haut niveau au CREPS de Boulouris, afin d’ouvrir un pôle France pour la formation et l’encadrement des jeunes skieurs nautiques. Le centre été considéré comme extraordinaire par toutes les fédérations européennes, envieuses d’un tel outil ! Ensuite les compétitions se sont succédé avec comme point d’orgue les championnats du Monde de ski nautique en 1995 – compétition qui reste un modèle dans le genre…
Pour l’avoir connu étant Président de la Commission Technique et sportive puis Président de la FFSN à l’époque, Jean Michel a toujours été extrêmement respectueux envers les dirigeants de la fédération. Les choix des élus n’ont pas toujours été ceux qu’il préconisait mais il les a respectés et appliqués. Jean Michel était certes un travailleur de dossiers – voir le combat qu’il a mené pour réaliser le centre national, l’acharnement qu’il a mis à faire financer les échanges internationaux – mais il été aussi et surtout un entraîneur de terrain, ne quittant jamais le bateau où il analysait les gestes des athlètes dans les plus petits détails !
Plus tard, dans le cadre de la fédération européenne, nous avons travaillé au rapprochement des pays du pourtour méditerranéen. Il est ainsi intervenu au Liban, en Egypte, à Chypre et bien sur en Grèce. Il a pris un plaisir immense de voir le ski nautique intégrer les Jeux Méditerranéens à Pescara en Italie, puis à Mersin en Turquie ! Il a animé les différents comités techniques d’organisation de ces jeux pour la mise en place des installations techniques.
Auprès de l’IWWF il a beaucoup œuvré pour la formation de cadres techniques dans le monde en organisant des stages en Asie, en Amérique du Sud…
Dans notre mémoire, nous retiendrons que Jean Michel a toujours travaillé pour améliorer le sport, dans le respect des athlètes et des institutions. Il n’avait pas une vision technocratique et étroite de ses missions, ni du sport en général, et il recherchait en permanence le contact avec le terrain. C’est pour cela qu’il a été tant apprécié.
Merci Jean Michel !
La FFSNW, très attristée par ce départ précipité tient à s’associer aux douleurs de la famille et présente ses condoléances à Maureen son épouse et à Marc Antoine son fils.“