Carnet noir – Tchao Pedro

C’est avec une immense tristesse que nous avons appris la disparition de Pierre CARMIN
Membre de l’équipe de France dans les années 80, multiple champions d’Europe, Pierre a marqué son époque
La Fédération et son Président, adressent leurs plus sincères condoléances à sa famille et à ses proches

En hommage à l’homme et au sportif, redécouvrez  ci-dessous le portrait qui lui était consacré en 2008 par S. CANS

« Ola Pedro »


Pierre CARMIN, on lui connaît quelques surnoms dont celui-ci à consonance Latine qui colle au personnage épicurien et mélomane. « Carminator » c’est avant tout un Grand Champion de ski nautique. Il détient un record qui sera de plus en plus difficile à battre : Champion d’Europe de Figures, de Slalom et de Saut. Sa carrière sportive est à l’image de la vie d’un Homme avec des hauts, des bas et surtout composée de moments inoubliables avec des proches qui l’apprécient. Car, s’il fallait trouver un qualificatif pour caricaturer Pierre ce serait à mon sens la générosité. Pour apprécier l’Homme, il faut avant tout connaître le parcours sportif du Champion. Difficile alors pour un trentenaire d’aujourd’hui de se souvenir du Mondial 79 ou de ses différents coûts d’éclats les plus lointains… Pour cela, il faut se plonger dans les seules archives qui constituent l’histoire du ski nautique français : « SKI NAUTIQUE Journal officiel de la Fédération Nationale de Ski Nautique ». Le rendez-vous est pris alors avec la seule personne qui a relié tous les magazines depuis son numéro 1 en juin 1978. Gardien de ces précieux documents tel le Père Fourrasse, merci Jean-Mi (CAU) pour cette plongée dans l’histoire…

Un papier et un crayon en main et un seul objectif, approcher, décrypter, comprendre l’homme qui se cache derrière Pierre Carmin. La première image, celle de la couv’ de juin 78 (au prix de 8 francs s’il vous plaît) c’est Chantal Escot. Quel rapport me direz-vous ???  Chantal c’est la camarade d’Equipe, la confidente qui connaît Pierre sur le bout des doigts et aujourd’hui encore, trente ans plus tard quand ils se croisent c’est le Petit Pierre qui écoute religieusement les conseils de son Amie. Souvenez-vous, dans le premier trait de sa caricature il y avait de la générosité, alors pour poursuivre l’esquisse il faudra rajouter des marques profondes de fidélité.

Pierre jeune compétiteur réalise des performances prometteuses. Mai 78, il n’a pas encore 17 ans mais la coupe internationale du Léman lui permet de monter à deux reprises sur la deuxième place du podium juste derrière la star mondiale du moment, le Britannique Mike Hazelwood. Deux slaloms les séparent encore mais sur cette manche de slalom Pierre devance deux autres Grands skieurs français avec qui il fera toute sa carrière : Gilles Cambray et Patrice Martin. Le début d’une longue aventure pour les Trois ados qui dominent les compets hexagonales et se disputent les Médailles Européennes. Londres 77, Euro Dauphins, en figures, Patrice Martin (5290 pts) devance Pierre (4940 pts). Une constante me direz-vous. Pas exactement, car ce jour-là, c’est Pierre qui gagne le combiné et il remporte même une deuxième médaille d’argent. Il est vrai qu’aujourd’hui, carrière terminée pour les deux Hommes, le palmarès de Patrice est plus étoffé. Mais finalement trente ans plus tard une fois de plus, alors que la concurrence sportive est loin, Pierre et Patrice se respectent malgré leurs différences et savent aujourd’hui reconnaître plus facilement les qualités de chacun.

Pierrot Le Beau Gosse. Si vous avez la chance de parcourir la couverture du Ski Mag’ n°2, la photo, même d’époque, ne peut pas vous laisser pas indifférentes !!!  Sa première interview dans le magazine lui vaut même des superlatifs sur son physique qui ne sont pas négligeables : « jeune athlète aux cheveux bouclés et à l’allure de Pâtre ».  Cet article c’est aussi l’occasion de comprendre les liens forts qui unissent Pierre à Sa Famille. Son Papa le pilote et surtout Ses Cousins Jean et Florent l’entraînent et animent le célèbre Club de Sevrier-Annecy qui revendique fièrement la paternité du ski nautique mondial. Aux pieds des montagnes, tous ces hommes, fans de glisse, sont avant tout des skieurs alpins. A l’image de Pierre qui n’échappe à la tradition : « il fit du ski de neige aussitôt qu’il sût marcher ». Dans sa collection de trophées, ceux de l’alpin ne sont pas anodins : premier français en saut, ballets et hot-dog. Petit à petit, au fur à mesure de ces résultats prometteurs, les lecteurs non-initiés à la qualité de glisse « Carmino », doivent avant tout comprendre que sa caricature ne sera pas complète si on oublie d’évoquer le talent, la légèreté, la fluidité, La Glisse quoi. Pierre Carmin c’est beau à voir.

A 17 ans, lors des championnats de France à Saint Pardoux, Pierrot domine le combiné devant Gilles Cambray malgré les deux mètres supplémentaires du saut (47,10m) et le titre pour Gilles dans cette discipline. Pierre termine aussi second en figures à 1000 points de Patrice 6760 points à un an de leurs premiers mondiaux. En 78, Pierre est encore junior. Les championnats d’Europe Finlandais se disputent à Jyvaskyla sur un mauvais plan d’eau battue par la pluie et le vent. Grâce à trois médailles de bronze et la meilleure performance des finales de slalom (2bouées à 13m) Pierrot remporte le titre très envié de Champions d’Europe Juniors du Combiné. Jeune, à l’image d’une confiance insolente, il réalise une fin de saison parfaite en remportant deux médailles de bronze lors des championnats d’Europe Open de Temple-sur-Lot. Odette Muller écrits : « notre homme fort, athlétique et souriant, Pierrot courre avec sa tête ; notre jeune skieur de 17 ans à peine, a conquis deux médailles de bronze, nous pleurons d’émotion. Pierre a confirmé sa classe ». Du bronze en combiné et surtout cette photo sur un podium de saut où Pierre regarde humblement sur sa droite deux Grands Champions, l’Israélien Moshé Ganzi et le grand Mike Hazelwood. Michel Naudinat n’est pas loin, Pierre lui ravi le record de France cette année là (49,50). Mais avant tout un lien fort uni les deux hommes. Pierre admire la folie et le charisme de son aîné : ils sont avant d’être des sportifs des bons vivants, ils aiment faire la fête. Parfois ces excès de folie leurs coûtent des points en compétitions mais finalement ils ont pour le paysage du ski nautique l’image de personnes attachantes et sensibles. Pierre est certes plus discret et il s’affiche comme un redoutable compétiteur. Ses meilleurs résultats européens laissent espérer le meilleur pour celui que l’on considère comme un prodige avant ses premiers mondiaux.

1979, une année, un lieu : Toronto. C’est Patrice qui réalise un véritable exploit. Dix huit ans après Jean-Marie Muller le voici à 15 ans et demi champion du Monde de figures. Patrice, avec 1230 points d’avance sur le Grand Suarez bat son propre record du Monde en totalisant 8140 points. Cet exploit ne doit pas faire oublier les bonnes performances de Pierre. Des bonnes performances qui lui permettent de se classer deux fois quatrième. Des médailles de plombs qui sont parfois lourdes à porter mais dans se contexte ce classement mondial est à l’image du potentiel du skieur. Pierre réalise le troisième résultat ex-aequo en figures mais se retrouve malgré tout quatrième en vertu des règlements de l’époque. Il prouve qu’il progresse à pas de géants. C’est un jeune skieur solide et sa très belle tenue au combiné la classe juste derrière des Géants Mondiaux : Jeff Mcclintock (Canada), Carlos Suarez (Vénézuela) et Mike Hazelwood (Grande-Bretagne).

Les dix-huit ans suivent, logiquement. Les critiques sont pleines d’espoir sur une ascension rapide. S’adapter à un nouvel angle d’attaque, pour franchir un tremplin à 1m80, pour gravir des sommets… Les résultats nationaux sont là, indiscutables. Le jeune homme évolue dans un ski complet de combinétiste. A Castel Gondolfo, sur un miroir, dans un anneau de verdure dominé par la résidence d’été du Pape Jean Paul II, Pierrot garde le souvenir d’une médaille de bronze au combiné. Les années 80 sont là, en équipe de France sa complicité avec un autre jeune homme original, doué, combatif ne fait aucun doute : Tanguy Benet, le skieur. Les deux jeunes hommes croquent la vie à pleines dents. Leur passage au Bataillon de Joinville ne va pas faciliter l’accès des futurs appelés. La réputation du skieur nautique « plagiste » et festif va longtemps nuire à tous les skieurs qui tentent de justifier une quelconque forme de sérieux. Le sport, le ski nautique pour s’épanouir. Mais la vie réserve des mauvaises surprises. Son cousin modèle, Jean le rieur, le gai, le turbulent et charmant se tue en moto sur leur paradis terrestre : à Tahiti. Avec humilité, sans commentaire, en silence, Pierre perpétue la mémoire de son cher cousin modèle dans : le talent, la bienveillance, la douceur, la sympathie, les bonnes valeurs de la vie et ce don pour la glisse qui ne s’explique pas. Papeete, les îles paradisiaques qui font rêver. La joie de vivre comme l’imagine toujours Florent, le frère de Jean célèbre pour tous les films qu’il contribue à produire dans Ushuaia. Nicolas Hulot fait du Barefoot, Pedro est du voyage. Sportif avant tout, Pierre reste un rêveur à l’image du lagon : indescriptible, il suscite l’admiration des skieurs néophytes.

La compétition et le spectacle. Pour Jacques Martin dans « incroyable mais vrai », Jean-Yves Lemeur, ancien G.O du club Med, sur ses skis nautiques passe d’un bateau à un hélicoptère. Son cousin Florent, qui a su se faire un prénom dans le barefoot, réalise le même exploit pieds nus sur des eaux turquoise. « Aquacarmina », les images sont largement vues et contribuent à la démocratisation du ski nautique. Entraînement, virées, quand on voit l’un, l’autre n’est pas loin. Ils le disent : « côté motivation c’est super ».  Dans le même registre Thierry Sanglerat et Jacques Gris apportent beaucoup à Pierre. De temps en temps ils s’entraînent aux U.S.A. Suivant les Naudinat, Rapp, Sommer, De Telder, Pierre et Florent sont la troisième génération de pionniers qui s’expatrient aux U.S pendant l’hiver. Du nord de Miami aux écoles de ski d’Orlando, de Liz Allan à la Swiss Ski School Pierre avoue facilement qu’en Floride le climat est plus favorable mais c’est surtout le lieu de rassemblement de l’élite mondiale. Favorable à un circuit professionnel, il commente l’impact du ski Américains sur les média et l’attrait des sponsors. Le développement d’infrastructures nouvelles, multiples, concentrées et artificielles qui contribuent à faire évoluer le ski nautique dans des directions nouvelles. Tempérament de feu, ambitieux, franc et solide, Pierre est avant tout un compétiteur. Il y a plus de 25 ans, il égale le record de France de slalom de Jean-Michel Jamin avec 5 bouées à 11,25m ; avec 8130 points en figures et le record de France de saut à 53,30 ses ambitions pour le niveau mondial sont légitimes.

Succès et blessure. L’image d’un Athlète doué est omniprésente. Les choses n’évoluent pour tant pas aussi facilement qu’il n’y paraît. Fin 82, une blessure à un métatarsien le tiens éloigner des compétitions internationales de fin de saison. De retour à l’entraînement début 83, un simple saut d’entraînement en Floride lui coûte cher : fracture de la rotule en 7 morceaux. Fractures, blessures, périodes de doute, il reste confiant comme si une bonne claque de temps en temps le stimule pour reprendre l’entraînement plus sérieusement. Malgré les bobos et les vagues à l’âme, Pierre n’est pas du genre à se laisser abattre. Retour à l’entraînement pour retrouver le chemin du podium en championnat d’Europe. A Milan en 84 pour obtenir sa médaille de bronze en slalom il devance Battleday et talonne Mapple et Kjellander. Pierre Carmin le slalomeur remporte le titre national cette même année dans la discipline après un barrage avec Patrice Martin. Quand cette année là le record du Monde est battu trois fois au cours de la Mac Cormick Cup (Bob Lapoint 3,5@10,75, Mapple 4 et Kris La Point 4,5), tout le monde attend Pierre à cette longueur de corde. Pour passer le cap le skieur français forme un tandem avec le grand skieur Américain Carl Roberge. Forme de complémentarité, à l’image de Claude Pérez avec Lucky Lowe, Pierre s’est fracassé le genou et a besoin de retrouver la confiance aux côtés d’un skieur expérimenté sur le circuit professionnel. Comme si le retour de blessure permet de passer un cap, Pierre mûrit, s’assume, il sait ce qu’il veut.

Lincoln, une incroyable moisson de médailles. Champion d’Europe de figures avec une grosse prise de risque qui paye dans des conditions climatiques incroyables. Les deux médailles d’argent en saut et combiné derrière le local mythique Hazelwood, le combiné lui échappe pour 30 cm. Une moisson de médaille multicolore puisqu’il remporte le bronze en slalom ; Pierrot est étincelant, il rayonne, il est lancé…

Bernard, Le Papa, nous dit à ses débuts : « J’ai dû acheter trois bateaux avant de trouver le bon ». Ils ont fait leur propre expérience. Le premier bateau est trop petit, le deuxième trop gros et finalement il opte pour un Savoie Marine qui se fabrique à Saint-Jorioz sur le lac. Papa Pedro c’est le Bonheur de voir son fils devenu homme qui concrétise. Qui, de retour de blessure, remporte un titre de champion de France de saut à Cadeuil (86) : les larmes sont là ! Mais quel titre ; l’émotion grandit au fur et à mesure des skieurs de la série. Gilles avec son genou miraculé est le premier à s’élancer. Comme Pierre, tous les deux grièvement blessé, c’est une forme de renaissance lourde en émotion. Derrière la jeune garde pointe le bout de son nez. Olivier Broquedis, Igor Donny, Lionel Verrrue et Claude Pérez premier sauteur à 1m80 qui s’envole à 51,50m. Reste le mystère Patrice qui passe l’après-midi sur la table de kiné. Mais c’est sans compter sur sa volonté et sa détermination. Un saut d’échauffement et le deuxième est parfait : 54 m. La pression est sur Pierre et il aime ça. Dès le premier saut il réalise 54,90m (nouveau record de France). Mais ce n’est pas terminé. Au deuxième saut la coupe est plus intense, « bien cambré en avant, il plane, le vol est magique, en bas c’est l’explosion » 56,40m, une performance équivalente à la huitième place mondiale qui vaut bien les grosses larmes d’un Père. Pierre avoue qu’un déclic s’est produit, la vidéo l’aide à comprendre un point clef, ce n’est pas un hasard. Après sa blessure, il sait garder confiance, il sait qu’il peut revenir et sauter plus loin, c’est chose faite et le meilleur reste à venir.

Pour le meilleur et pour le pire. Pierre Carmin doué? Oui, le talent est là. Mais, au détour d’une critique, on peut lire « Carmin c’est un peu Noah, avec son talent s’il se consacre qu’au sport il peut être numéro un mondial ». Un titre Européen en figures c’est bien mais il faut confirmer. Le volume de ski est léger aux yeux des observateurs. Il ne fait pas l’unanimité sur sa capacité à gagner. Mais la méthode Carmin c’est sa tendance à mieux skier quand il est motivé, alors la question ne se pose pas. La difficulté c’est plus de pouvoir trouver un point fixe où il peut revenir s’entraîner après chaque compétition. Il skie pendant longtemps chez Rapp et Naudinat mais par la suite c’est beaucoup de voyage, un statut de skieur « Sans Plan d’eau Fixe ». Alors Pedro s’entoure de skieurs qui partagent le même état d’esprit. Carl Roberge lui apporte beaucoup techniquement mais surtout lui donne confiance. La maturité aidant Pierre Carmin le combinétiste, affiche de plus en plus un potentiel de slalomeur qui fait trembler les meilleurs. En 87, il concrétise lors de l’Euro à Marignane par son deuxième titre Européen : En slalom ! Seul skieur de la finale à entrer à 11 mètres (3bouées), il devance Bettosini (Suisse), Cavanna (Italie) et Martin. Pour Pierre, les médailles de bronze en saut et l’argent au combiné, derrière Andréa Alessi, complètent le festival multicolore. Sur le podium combiné, entre l’or et l’argent des liens affectifs se créent. Pierre et Andréa, dits Bubu, se connaissent bien et sont en train de devenir des Amis comme on en compte peu. Les deux skieurs vont devenir partenaires d’entraînement. Pour comprendre leur entente il suffit de lire une interview de l’Italien qui avoue que ses son secret pour garder la forme c’est de pas trop skier et de bien étaler ses repas sur la journée. Ces deux-là sont doués, cela ne fait aucun doute mais le talent sans travail ne paye pas. Bubu a réalisé le troisième long saut de la finale des championnats du monde Londres 87 derrière Sammy Duvall et Mike Hazelwood. Il sera Champion du Monde de la discipline 6 ans plus tard à Singapour. Leur collaboration doit faire des étincelles malgré leurs détracteurs. Pour Pierre, après des Euros en Or en figures et slalom, le meilleur reste à venir…

« Quand on ne se sent pas redescendre, c’est là que ça va loin » Londres 88, Pierre Carmin Carmin devient le premier Français champion d’Europe de saut depuis 23 ans. Depuis 1959 à Milan et l’Or Européen de Jean Marie Muller personne ne réussit cet exploit. Voilà 10 ans déjà que Pierre a amélioré le record de Michel Naudinat en 1978 avec 48,05 mètres. Oui oui, vous avez bien lu 0,5 centimètres ; l’époque est lointaine mais le score est précis ! Seul Gilles Cambray lui ravit ce record en 79 (49,30 mètres). Depuis c’est toujours Pierre qui domine et la discipline et s’offre enfin le titre Européen avec un nouveau record de France à 56,50m. Pierre n’aime pas être seul. Pour qu’il saute bien il faut qu’il soit avec des gens qui sautent, qui le motivent. Une des clés de cette victoire, hormis le fait qu’il s’attache enfin le bon bras ! C’est de faire équipe avec Alessi. Pierre au sommet de son Art remporte une fois de plus d’autres médailles. L’agent en slalom derrière Andy Mapple et le bronze en saut viennent compléter le palmarès riche de 10 médailles Européennes sur les trois dernières années dont 3 d’Or dans 3 disciplines différentes. Messieurs les skieurs, je vous laisse réfléchir pour savoir quel est le prochain skieur français qui peut battre cette performance dans les années à venir ??? L’avenir, à cette époque, Pierre l’évoque à demi-mots. Passionné et touche à tout à tout il approche le cinéma au côté de Florent son cousin avec qui il réalise de nombreux films pour UshuaÏa. Le lagon de Tahiti reste leur terrain de jeu favori. Médailles, média, deviens l’idole d’une génération de skieurs mordus de glisse. Aymeric Benett, Christelle Ballestrero le rejoignent sous les cocotiers pour réaliser des images. Mais de nombreux skieurs plus jeunes attendent patiemment de pouvoir rejoindre Le Maître pour voir enfin Pierre le coach s’exprimer. Même si les performances suivent encore, un record de France de slalom et surtout le nom d’un Français avec des bouées à 10,75m sur la Standing Lis Mondiale (3 bouées au Masters Espagnols de San Pedro) ; Pierre glisse doucement vers l’idée de créer sa propre école de ski.  Son passage par Le Racing Club de Camargue garde à jamais son empreinte. Sa première école de ski, « Tropic Style » ressemble à un Faré Tahitien. Pierre réalise un bon Euro à Toulouse en 90 (argent au combiné), une médaille de bronze à l’Euro de Poti (Géorgie) en 91, mais l’idée est ailleurs.  Sa fin de carrière s’illustre par un record du nombre d’hélicos involontaires au tremplin. L’usure physique fait doucement glisser Pedro vers une spécialisation en slalom. Ses succès sont encore nombreux sur le « Continental Waterski Tour ». Mais l’homme va prendre une autre dimension dans le paysage du ski nautique. Son statut de coach devient indiscutable. Des jeunes futurs talents s’entraînent à ses côtés : Anthony Ahnine, Mathieu Boucher, Dimitri Gamzukoff, Nancy Chardin… Mais c’est au côté du premier wakeboarder Pro et génial, Rodolphe Win-Thung, et de son Ami de Toujours Eric Bacos qu’il crée son école de ski à côté de Paris : Ski West. La liste des skieurs qui découvre la compétition à ses côtés est longue. On apprécie son calme, son côté pédagogue qui s’illustre par des éducatifs tous plus fous les uns que les autres. Sur l’eau avec Pierre vous ne pouvez pas vous ennuyer. Avec lui, quel que soit le niveau, il faut skier pour prendre le maximum de plaisir…

Mélomane et épicurien c’est le début de cette brève qui veut raconter pudiquement les grandes lignes de la carrière sportive d’un Homme au grand cœur avant toutes ses qualités athlétiques. La musique pour adoucir les mœurs, pour soigner les maux, omniprésente au quotidien, elle est déjà le lien avec ses copains de 20 Ans, Lacote et Maurial Musicos notoires, quand ils éditent le Top 10 des FM (Woodentops « Giant », Chris Réa « On the Beach », Cure « Standing on the Beach », Joe Jakson « Big World », Simply Red « Picture Book », Eurythmics « Revange », Huey Lewis « Fore »…). La musique ouvre l’esprit, l’harmonie à la couleur… Retrouver Épicure pour redonner goûts à la vie malgré les tempêtes et les coups durs c’est résister. Résister à ce qui nous emprisonne, aux jugements hâtifs, à l’envie d’abandonner, résister et sourire. Pedro l’aventurier qui connaît si bien les tropiques. A l’annonce d’une tempête c’est le vent qui souffle avant les passages nuageux. Dans l’œil du cyclone c’est le calme plat, l’obscurité aussi, mais une fois la tempête passée, la couleur est de retour, les plans d’eau redeviennent miroir et il est temps de ressortir son ski pour ne pas oublier que la passion du ski nautique se partage avant tout avec des copains…

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